ACTU

Travail en cours pour une performance butō le 30 mars 2024 à l’occasion de la fin de l’exposition OPERA II.

Performance sonore de Bertille Puissat et Sergio Zamparo pour le finissage, le 1er mars 2023 pour le mi-temps de l’exposition OPERA II. Création originale à partir de l’installation OPERA et du texte par la poétesse Anaïs Escot.

Lecture et présentation du livret OPERA dans la Librairie Les Modernes à Grenoble, autour du travail de Alain Quercia écrit par Anais Escot et fabriqué par Vedelago Denis … ( photo de l’œuvre dans la vitrine de Les Modernes par Raoul Lemercier ).

Exposition OPERA II du 1er février au 31 mars 2024 à la galerie Nunc à Grenoble. Avec un parcours chez les commerçants du quartier Championnet.

Le premier février au cours du vernissage a eu lieu une performance de Chritian Moderne transformé en homme Lys pour l’occasion.

Performance sonore de Bertille Puissat et Sergio Zamparo pour le finissage, le 29 septembre 2023 à l’Usine de Le Poët Laval en Drôme. Création originale à partir de l’installation OPERA et du texte - écrit pour l’exposition - par la poétesse Anaïs Escot.

Lumières Benjamin Croisy.

À l’occasion du vernissage de l’exposition OPERA, le 18 août 2023, à l’Usine de Le Poët Laval, la très surprenante performance de Christian Moderne alias Marcel Morize. CM est un personnage créé à partir d’un sculpture en céramique qui avait pour titre : Clown à la couronne d’épines

Photos de la performance ci-dessous sont extraites du film du réalisateur Augustin Viatte

Exposition OPERA du 18 août au 31 septembre à l’Usine de Le Poët Laval en Drôme.

Un grand merci à Éric Parat, Bernard Fontanel pour le montage et Axel de Coupigny pour la touche finale.

Les photos du montage de l’exposition ont été prises par Sonia Deleani.

Ce 26 septembre 2020, une soirée inoubliable à Lausanne pour la présentation, à un premier public, de L’Homme augmenté.

Merci pour l’accueil fait à cette pièce, merci à toutes les personnes présentes et à nos hôtes particulièrement, propriétaires de la sculpture et organisateurs de l’évènement!

Au-delà des apparences, la source de l'émoi

L'un interroge l' Autre et son regard, l'autre interroge le cube et ses avatars. Le premier interroge le masque, ce qu'il dissimule ou réfléchit. Le second interroge la machine, ce qu'elle modèle ou produit.

 L'un, c'est Alain Quercia. Aux commencements, deux moules ciselés dont une théorie d'hommes et de femmes; clones mécaniques solidement campés sur leurs jambes, épaules légèrement tombantes, poings fermés ou mains en attente, visages neutres. Vient ensuite une mutation chamanique. Alain Quercia couvre la tête de chaque statuette d'un masque et donne naissance à une chimère anthropomorphe. Tête de cheval ou d'aigle. Tête de cochon ou de cerf. Les masques défient et effraient, double mystère de ce qu'ils désignent symboliquement et de ce qu'ils cachent matériellement. Chaque statuette est le point de condensation d'interrogations primitives. Soi, l'autre, les dieux. D'un dernier geste, l'artiste recouvre d'émaux sa création et la soumet à une ordalie dont elle sort habillée de beauté:

 L'autre, c'est Patrice Belin.  Aux commencements, un chaudron numérique dans lequel  un cube, qui n'existe que par ses exactes propriétés mathématiques, est transformé par une succession de déplacements aléatoires de ses sommets qui marque le pas chaque fois qu'elle peut livrer un avatar dont deux arrêtes sont dans le rapport du nombre d'or. Hybridation aveugle de deux perfections dont nait un être étrange réduit à son ADN numérique. Patrice Belin engage alors un travail de mise au monde rigoureux pour respecter le résultat des calculs et patient pour soumettre la matière aux données numériques, l'ADN n'est que très rarement celui d'un polyèdre. Il faut former, ployer, forcer le matériau, jouer avec ses faiblesses ou les créer pour mettre au monde les métamorphoses bossues du cube. Au cours de cette dernière étape l'artiste joue avec la plasticité de la matière, ses caractéristiques tactiles et visuelles. Une part de désir et de volonté entre dans la transformation de l'image numéri’esquisse devient œuvre d'art.

 Force de l'évidence. Les sculptures de Patrice Belin et d'Alain Quercia n'ont, au premier regard, rien à voir entre elles. Apparences trompeuses. L'écoute des sculpteurs révèle les proximités que les sculptures ignorent, celles de leur genèse intime et de leur gestation. Les processus à l'œuvre relèvent d'une même approche: au commencement, la figuration d'une idéalité première, fondatrice. Icônes en terre d'Adam et Eve, abstraction numérique du cube. Puis sa métamorphose qui interroge les relations entre l’être et l’aperçu, entre l’être et le devenir. Masques et algorithmes dévorent les symboles. Enfin, travail des matières et variation sur les textures et couleurs qui émancipent chimères et avatars, inaugurent la mise au monde.

Lary Stolosh, Grenoble, 9 mars 2017

On ne peut épuiser le Mythe. Il gît dans certaines formes qui appellent en nous ce sentiment mélangé de familiarité et d'obscurité radicale. Notre cerveau est prompt à reconnaitre et à différencier, c'est sa fonction de déceler le même et de distinguer le différent. Il est sensible au petit décalage des formes, à la nuance qui rompt l'habitude, à ce qui vient déranger le grand arrangement qu'il suppose, en prédicteur, du monde. Le pianiste Igor Levit, interrogé par un journaliste sur l'ennui éventuel qu'il pourrait éprouver à entender, à jouer une énième fois la  Sonate au Clair de Lune, rétrospectivement «Plus je un sonate fréquemment, plus je la travaille, moins je la comprends, plus elle s’éloigne de moi, plus elle me rend heureux et plus j'ai envie de jouer souvent. (…) J'aimerais ne jamais me dire: ça je l'ai compris, au suivant s'il vous plait. Le but, c'est: j'aimerais toujours revenir au commencement joue ». Il y a dans le mythe, la possibilité d'un commencement infini, à la fois un air connu et une nouveauté définitive.

Et c'est pourquoi les figures masquées figées par Alain Quercia, les pieds campés établis sur une terre qui semble glaise, à la fois compacte et élastique, suscitent ce sentiment d'une mythologie à l'œuvre. Nous y reconnaissons des signes connus, et, partant, du sens qui semble venir des profondeurs obscures des récits humains de toujours. Le Mythe est ce qui nous parle dans les formes, cette voix indistincte qui nous émeut, et qui nous met en mouvement. 

Car l'émotion est première. Elle a toujours été là, et pour ainsi dire: avant nous. Dans le temps long de l'évolution des formes biologiques, elle est ce qui a créé le mouvement. Depuis les premiers êtres unicellulaires. Moteurs subtils de nos comportements humains, l'émotion est ce qui fait bouger les corps. 

L'émotion, c'est ce que notre corps nous dit, et ce sur quoi nous édifions nos récits. Et c'est bien la fonction de la conscience humaine que de raconter des histoires à propos de ce qu'éprouvent les corps. Alors, car les émotions sont à l'origine du premier mouvement, attrait ou répulsion, et qu'il nous faut dire pourquoi, le langage oral prend le relai du langage du corps. Le langage du corps: les postures trahissent les émotions. Ce qui donne la forme des corps, jusqu'à la transformation utile, l'hybridation, la métamorphose - Ovide: «Je me propose de dire les métamorphoses des formes dans des corps nouveaux», ce sont les passions qui tourmentent les formes qu ' évoque le poète latin.

Les sculptures d'Alain Quercia explorent ce que font les postures des corps qui se figent. Jusqu'à la transformation, la métamorphose et tout ce qui peut nourrir le sentiment d'une mythologie à l'œuvre. Car la sculpture fige les corps dans une posture qui constitue le dévoilement d'une vérité. Ou plutôt, du sentiment d'une vérité: «il y a là quelque chose qui me parle».

Et c'est la voix du Mythe.

Laurent Vercueil, neurologue. Il est responsable de l'unité des Explorations Fonctionnelles du Système Nerveux au CHU de Grenoble et membre de l'unité INSERM U836 à l'Institut des Neurosciences de Grenoble.

MYTHIQUE DES CORPS CHEZ ALAIN QUERCIA